Ces tragédies d’Eschyle, traduites par Paul Mazon (Helléniste ; membre de l’Académie des inscriptions et belles lettres) dans la collection « Les Belles Lettres », sont ici joliment reliées dans leur seconde édition revue et corrigée, dont le quatorzième tirage a été fait en 2002 (la première édition date de 1920 et la seconde de 1931). Parmi les quatre œuvres réunies dans ce tome (1/2) : Les Suppliantes, Les Perses, Les Sept contre Thèbes et Prométhée Enchaîné, Les Perses est sans doute la plus célèbre. Le dramaturge y introduit un second personnage, dont la présence bouleverse la scène, jusque là limitée à un dialogue entre le chœur et l’acteur. Surtout, en faisant de Xerxès, ennemi perse de Salamine, le principal protagoniste de la pièce, Eschyle élève son propos à une dimension nouvelle : rompant avec l’ethnocentrisme grec, il transcende l’altérité et contraint le spectateur grec à découvrir l’humanité du roi barbare qu’il a mis en scène. Celle-ci, en effet, est révêlée par la souffrance du vaincu, dont la défaite met fin à l’hybris.