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Souvent qualifiée à tort d’« édition originale », le volume Parisiennes publié par G. Crès à Paris, après-guerre, en 1923, ne fait pas honneur au premier tirage des dessins d’André Rouveyre. Ce livre d’art date en réalité de 1912 et il a été réalisé par Ernst Rowohlt à Leipzig. Seuls 330 exemplaires de l’édition originale au format petit in-folio existent, dans un cartonnage grège d’une belle sobriété, qui laisse toute leur place au commentaire de R. de Gourmont et aux trente-trois dessins à pleine page : des filles de mauvaise vie, peut-être, que ces « Parisiennes » dévêtues, nues ou seulement drapées, seules ou en couple, qui posent ou s’abandonnent... Le trait incroyablement juste de celui qui a parfois été surnommé « le peintre d’Apollinaire » réussit le tour de force d’en saisir l’essence, qui est la Vie — surtout, il construit avec ces portraits une véritable fable en images : à travers l’obscénité boudeuse qui se dégage de ses dessins, Rouveyre raconte l’Éphémère ; celui qui s’achève par le tragique de « la femme en ses vieux jours ». Et de Gourmont conclut ainsi, fort à propos, en reprenant Villon : « [...] jouissez de votre corps, cependant que vous avez Petits tetins, hanches charnues / Eslevées, propres et faictisses / A tenir amoureuses lisses. »