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Ce texte – peut-être le plus célèbre des écrits des Pères de l’Église avec les Étymologies, de saint Jérôme – fut appelé à un destin particulier au Moyen Âge. En effet, dans les 22 livres de l’œuvre, dont titre exact est « La Cité de Dieu contre les païens » (De Civitate Dei contra paganos), l’évêque d’Hippone, que le sac de Rome par les Wisigoths avait frappé d’épouvante comme la majorité de ses contemporains, montre comment peuvent coexister la cité terrestre (dont Rome est le dernier avatar) et la cité de Dieu, éternelle et promise à la félicité. Écartant l’idée selon laquelle le fait que les Romains se soient détournés de leurs anciens dieux avait amené la chute de leur ville, il érige la cité céleste en modèle de la cité terrestre, dans la perspective eschatologique du Salut. Ce faisant, saint Augustin exprime d’une part les règles selon lesquelles les rapports entre le pouvoir temporel et l’autorité spirituelle doivent se dérouler dans une perspective chrétienne, d’autre part il pose les fondations d’une doctrine politique nouvelle qui va s’épanouir dans l’Occident médiéval pendant près de mille ans : selon celle-ci, le prince est l’intermédiaire entre ses sujets et le Christ, comme ce dernier l’a été entre les hommes et Dieu et l’organisation hiérarchique de la société humaine suit celle du royaume des Cieux.