Librairie G. et A. Mornay

Librairie G. et A. Mornay


La Librairie G. & A. Mornay (de Georges et Antoinette Mornay, ses propriétaires) anciennement située au numéro 37 du boulevard du Montparnasse, à Paris, a réalisé un grand nombre d’éditions entre 1919 et 1940. Répartis pour la plupart en deux collections intitulées « Les Beaux livres » (1919) et « La Collection originale » (1922), la centaine de titres publiés par les Mornay bénéficia d’un concept alors original : faire paraître un nombre prédéterminé d’ouvrages (cinq par an) en quantité limitée (le tirage justifié, était généralement de 1000 exemplaires plus ceux hors-commerce), d’une qualité soigneusement étudiée et vendus sur souscription.

En outre, sous l’impulsion de Georges Mornay, l’illustration, jusque-là accessoire, devint la règle d’or. Ce choix —et la sympathie du personnage— permirent à Mornay d’attirer les plus grands dessinateurs de l’époque, certains venant de la mode ou de la publicité. Parmi eux, il faut citer en premier George Barbier : on doit à cet artiste de la mode et du livre de luxe l’illustration de cinq volumes des Beaux livres, dont quatre titres d’Henri de Régnier et le splendide Roman de la Momie de Th. Gautier. Mais aussi : Louis Jou, Pierre Falké, Sylvain Sauvage, Henry Chapront, Pierre Noël, Hermann Paul, Guy Arnoux, Lucien Boucher, Umberto Brunelleschi, Berthold Mann, et d’autres mirent leur art au service de la collection et font aujourd’hui le succès de ces illustrés modernes.

Entre tous les titres publiés, le chef d’œuvre incontestable de Mornay est le Maria Chapdelaine de Clarence Gagnon : l’artiste-peintre a réalisé pas moins de 54 gouaches minutieuses (qu’on pense à leur taille !) pour l’illustration du roman de Louis Hémon : mis en chantier en 1929, le livre ne parut qu’en 1933 à 2000 exemplaires.

Plusieurs éditeurs des années 1920-30 furent directement inspirées par la formule de Mornay : « La Collection française » d'Henri Cyral, « Les Beaux romans » d'Henri Jonquières, ou encore les « Éditions du Trianon » en témoignent. Il est donc amplement justifié, aujourd'hui, que les éditions Mornay soient devenus emblématiques de la qualité du livre moderne illustré français « semi-précieux » (on disait « demi-luxe ») de la période « Art Déco ».

Âgé et malade, G. Mornay céda sa maison à Valère Bachmann, le fils d’A. Mornay, mais le décès prématuré de celui-ci au combat, en 1940, donna un coup d’arrêt brutal. Les éditions Mornay eurent encore un repreneur tardif : ce dernier (« un jeune couple d’éditeurs », cf. l’art. de R. Hesse cité en bibliographie) créa en 1946 une nouvelle collection intitulée « La Sirène », qu’on s’accorde généralement, peut-être injustement compte tenu de la période, à trouver de qualité moindre. Le dernier titre parut en 1949 : à croire qu’avec la guerre, les choses avaient changé et que les amateurs des Beaux livres s’étaient éloignés de Paris...


Bibliographie et références

  • L. Carteret, Le Trésor du Bibliophile. Livres illustrés modernes 1875-1945, III, p. 256 et suivantes (Sur « Les Beaux Livres »).
  • Article de Raymond Hesse paru in « Le Portique », n°4 (1946) publié suite à la reprise des éditions Mornay par « deux jeunes éditeurs ». Son contenu est reproduit en ligne sur le site de la Librairie L’Oiseau-Lire à Mons (Belgique)[1].
  • Article sur Maria Chapdelaine in L’Illustration, numéro spécial de noël 1931 (n° 4631).
  • Thèse « La peinture d'un texte: L'illustration de "Maria Chapdelaine" par Clarence Gagnon » de Gilles Lacombe (1990), disponible en ligne ici.


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Mots-clef Éditeur 
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Contenu sous droits d'auteur — Dernière mise-à-jour : 2012-02-27 18:53:08

Recommandations

Cet ouvrage publié par A & G Mornay dans la belle collection semi-précieuse « Les Beaux Livres » (il en est le 49e titre) comprend l'une des illustrations emblématiques de Carlègle. Celle-ci, dans le plus pur style Art Déco, réunit 58 compositions originales.

De descendance aristocratique, le poète anglais Percy Bysshe Shelley (1792-1822) préféra les libertés du coeur au pouvoir de l'argent. Renvoyé d'Oxford pour apologie de l'athéisme, il mena une vie de paria. L'auteur de Prométhée délivré attirait les drames et les orages. Sa première femme se suicida. La maladie lui prit ses deux enfants. Il n'avait pas trente ans quand il périt en mer au large des cotes italiennes. Son corps fut brûlé sous les yeux de son ami George Byron, l'autre grand romantique anglais. Adoptant la forme du roman, mais toujours fidèle à la psychologie et aux faits, cette biographie a des allures d'éducation sentimentale.

Oeuvre maîtresse de Jean Lorrain, écrivain de la Belle Époque, éthéromane collectionnant les scandales.

Édition brochée de Salammbô illustrée par Pierre Noël (hors-texte, lettrines, culs-de-lampe, bandeaux). Un des 877 exemplaires numérotés sur vélin de rives. Collection "Les Beaux livres".

Édition originale du Carton aux estampes d’Albert T’Serstevens, écrivain français d’origine belge (1895-1974). Cet ami de Blaise Cendrars, Pierre Mac Orlan, Louis Jou et André Suarès, auteur fécond de récits de fiction et de poésie, réunit ici une galerie de portraits littéraires, êtres d’exception : [au XVIIe siècle] « Les cabinets de curiosité font partie de l’arsenal indispensable de tout homme éclairé : le carton d’estampe en est le noyau. » (Michel Melot : « La nature et le rôle de l’estampe », in L’Estampe, A. Skira, 1981.) Avec de nombreux bois dessinés et gravés par Louis Jou (lettrines, bandeaux, planches en pleine page)

Édition illustrée de ce roman d'Alexandre Kouprine, d'après celle qui a paru dans la « collection originale » chez le même éditeur (Mornay), avec la même illustration (de J. Lébédeff : compositions à pleine-page, en-têtes, culs-de-lampe et lettrines, dans le texte) et la même année (1924 ; mention de cinquième édition pour la notre), mais dans un format plus grand (celle-ci du tirage réimposé au format in-12) et avec des bois gravés en couleurs (en noir pour celle-ci). Typographie soignée.

Peut-être la plus belle édition après-guerre des Chansons de Bilitis, aux éditions Mornay. Ce livre est illustré en couleurs d’après les dessins originaux de Maurice Leroy, gravés sur bois par Gilbert Poilliot (à pleine page et en tête des chapitres). Cette édition est également une des plus complètes, précieuse pour les collectionneurs car elle comporte la liste des Chansons, incluant certaines qui n’ont jamais été « traduites » ni publiées, ainsi que les trois épitaphes. Exemplaire joliment relié en maroquin fauve.

Illustré moderne : ce roman d'Anatole France qui a paru en 1914 met en parallèle la vie d'une famille française et la chute de Lucifer sur un ton humoristique. Il est orné de plus d'une centaine de bois gravés par Fernand Siméon (vignettes en bandeau, initiales et culs de lampe), réalisés spécialement pour la prestigieuse collection « Les Beaux livres » de Georges Mornay.