« C’est l’un de ces matins où la vie semble imiter l’art. Au fond d’une cour du Marais pavée de gris, la verrière de la galerie Clivages déverse une lumière de neige sur les oeuvres exposées, dont on sent bien que le noir et blanc dominant n’est pas l’alibi de leur voisinage. Luc Claus, Anna Mark, Ingo Ronkholz, Pierre Matthey et André Marfaing sont ici les funambules d’une ligne de sens, en constante recherche d’équilibre et de ruptures. La démarche est exigeante comme le souhaite celui qui a organisé cette rencontre, Jean-Pascal Léger : « Il me semble qu’aujourd’hui une galerie peut être un foyer d’intellectuels qui ont le devoir de dresser des barrières contre l’insupportable de ce que nous vivons. Il ne s’agit ni d’un manifeste ni d’une profession de foi politique, mais je pense qu’en ce moment, il faut un peu déclarer les choses. » Près des montants anthracite de la porte, est sobrement affiché le décret du 26 aôut 1792 qui défère la citoyenneté française à ceux qui, nés sur d’autres sols, ont par leur esprit ou leurs sentiments contribué à la grande « oeuvre de raison » qu’est l’instauration de la République. Aux murs, un artiste allemand, une plasticienne hongroise, un Suisse, et André Marfaing, bien sûr, avec qui Clivages fut fondée il y a une quinzaine d’années avec deux autres comparses, Cordesse et Tal-Coat. » Dominique Widemann, L'Humanité, 13 janvier 1997.