BRODOVITCH, Alexey

BRODOVITCH, Alexey


Alexey Brodovitch (1898 – 1971) est né en Russie occidentale à Ogolitchi[1] « entre Saint-Petersbourg et la frontière de la Finlande » (art. « Alexey Brodovitch » in E. Universalis). Menant des études artistiques, il les interrompt pour s’engager contre les bolchéviques. Une fois les armées du tsar défaites, il émigre et s’établit comme nombre de ses compatriotes en France, à Paris, à partir de 1920.

Fréquentant alors d’autres artistes immigrés, il peint des décors de scène pour les Ballets Russes de Diaghilev, ce qui le met en contact avec les milieux du spectacle et de la mode parisienne. Dès lors, sa vocation professionnelle s’impose à lui : délaissant l’œuvre de peintre auquel il était destiné, Brodovitch se tourne progressivement vers les arts graphiques appliqués à la réclame publicitaire. Pendant ses « années parisiennes », il participe à l’Exposition internationale des Arts décoratifs de 1925 lors de laquelle il remporte quelques médailles pour ses créations (notamment des bijoux). Et en tant que dessinateur, il illustre les Nouvelles de Pouchkine, les Contes Fantastiques de Dostoïevski et Monsieur de Bougrelon de Jean Lorrain (pour H. Jonquières, en 1928). En 1929, il crée pour Maximilien Vox, alors directeur d’un « studio », une affiche publicitaire pour Martini Vermouth[2] : le style résolument constructiviste de celle-ci, et la composition très graphique qui repose tant sur le texte que sur l’image, caractérisent ses productions de l’époque. Brodovitch devient lui-même directeur artistique du studio de décoration Athelia, situé place de la Madeleine, en 1929.

Cependant, en 1930, il rejoint les États-Unis d’Amérique, plus précisément Philadelphie où on lui a demandé de créer un enseignement des arts graphiques publicitaires (la Philadelphia Museum School of Industrial Arts). En 1934, il rencontre l’éditrice Carmel Snow et devient à la demande de celle-ci le directeur artistique du magazine Harper’s Bazaar (poste qu’il occupe jusqu’en 1958). Pendant cette période, il assoit durablement l’influence d’artistes européens dans les milieux de la mode outre-Atlantique (A.-M. Cassandre ou Salvador Dali) et il achève de rénover par ses maquettes élaborées les canons de la conception graphique. Il contribue encore à faire entrer la photographie moderne dans l’univers de la mode (Cartier-Bresson ou Man Ray [3]).

Brodovitch contribue également, en 1949, au lancement d’une importante revue consacrée aux arts graphiques : Portfolio: A Magazine for the graphic arts[4], éditée par Frank Zachary (Zebra Press), dont quelques (3 ?) numéros paraissent en 1950-1951. L’un d’eux contient une typographie originale que Brodovitch a conçue à l’occasion de son travail sur la publication : elle lui est directement inspirée par la notation musicale et l’univers de la danse (« Al-Bro », aux longs et étroits caractères).

De retour en France en 1966, moralement et physiquement diminué, Brodovitch s'établit dans le sud, au Thor, près d'Avignon. Il s'y éteint quelques années après, en 1971.

Une exposition lui a été consacrée en guise d'hommage au Grand-Palais, à Paris, en 1982.



Liens et références

--- Illustration de cet article : affiche publicitaire pour Athelia, 1929 (reproduite à partir du livre de Kerry William Purcell, Alexy Brodovitch[5]).

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L’un des textes les plus estimables de l’écrivain « fin de siècle » Jean Lorrain avait tout à gagner à être réédité par H. Jonquières dans sa bien nommée collection « Les Beaux Romans » (il en est le vingt-cinquième titre). L’illustration de ce Monsieur de Bougrelon (1897), confiée à A. Brodovitch pour une parution en 1928 et constituée de bandeaux et hors-texte gravés sur bois, est comme il se doit une synthèse d’influences cubistes, futuristes et constructivistes, qui porte moins sur les figures que sur la composition. Elle est aussi une des plus belles qui caractérisent ces éditions semi-précieuses de la période de l’Art Déco.