Née à Buenos Aires d'une mère triestienne et d'un père argentin qu'elle n'a pratiquement pas connu. Elle a passé son enfance et son adolescence à Trieste auprès de sa mère et de sa famille maternelle dans un milieu bourgeois très cultivé. Cet univers dans lequel elle baigna toute sa jeunesse lui permit d'acquérir une culture très cosmopolite. De nature indépendante, elle quitta sa famille à 17 ans, réside ensuite à Milan puis adopte le classicisme et la peinture tonale de peintres comme Carrà.
En 1933 elle quitte l’Italie pour Paris où elle fréquente André Breton et les Surréalistes; s’inspirant de leurs théories, elle réalise ses premiers dessins « automatiques ». Elle s’y lia d’amitié avec Paul Éluard, Max Ernst, Georges Bataille, sans jamais appartenir au groupe surréaliste. Elle partagea cependant leur goût du fantastique, du symbolisme onirique, qu’elle transpose dans ses œuvres avec un grande élégance, un goût sûr, le sens de l’harmonie décorative et une délicatesse rafinée. Elle ne fréquenta aucune école des Beaux-Arts et sa formation est entièrement autodidacte, d’où sans doute la difficulté de l’identifier à un courant particulier de l’art contemporain, car son évolution a surtout été marquée par des affinités électives et par son propre "Musée imaginaire".
À ses débuts elle a peint de nombreux portraits dont ceux de Jean Genet, d’Anna Magnani, de Jacques Audiberti. Ayant le goût du spectacle elle a eu l’occasion d’exprimer son génie dans toutes les formes possibles de l’art. Elle a une carrière féconde, réalise des costumes de théâtre, des ballets et des opéras., mais c’est aussi une extraordinaire illustratrice ; on lui doit notamment l’illustration de textes d’Edgar Poe, de Sade, et de Marcel Aymé. La Vouivre, qui illustre la couverture du livre homonyme de ce dernier dans la collection du Livre de Poche, et une de ses œuvres les plus connues. Que ce soit à Paris ou au cours des trois mois d’été qu’elle passait dans sa maison en Touraine, elle peignait tous les jours, l’après-midi, pendant quatre ou cinq heures. Pourtant, elle ne terminait jamais plus de dix toiles par an, en raison des exigences techniques de son travail, et moins encore quand elle acceptait des commandes de portraits,ce jusqu’à la fin des années cinquante. Si arrivée au terme d’une série qui l’avait stimulée, elle s’interrompait de peindre, elle passait au dessin, où son trait était rapide, nerveux, spontané. Dans les rares moments d’arrêt d’une expression plastique, elle a toujours écrit avec une rapidité qui rapproche son écriture "littéraire" de celle du dessin. Elle n’a publié ses textes qu’ à partir de 1973. De nombreux poètes, écrivains, peintres et critiques lui ont consacré des monographies, des essais ou des poèmes dont Paul Eluard, Jean Cocteau, Giorgio de Chirico, Alberto Moravia, Max Ernst entre autre. Neuf films ont été consacrés à son œuvre dont La Légende Cruelle de Gabriel Pommerand et Arcady, 1951. Leonor Fini a continué de peindre jusqu’à la fin de sa vie.
En dépit d'un foisonnement débordant de fantaisie, on peut cependant regretter un attrait un peu trop prononcé pour le morbide qui donne parfois à ses créations une note inquiétante et tourmentée.
Bibliographie & liens
- JELENSKI, Constantin. Leonor Fini. Lausanne, Clairefontaine, 1968.
- leonor-fini.com (site commercial de la « Galerie Minsky », par Arlette SOUHAMI qui fut le marchand d’art de Leonor Fini.)
- « 18 janvier 1996 : La mort de Leonor Fini », sur le blog Terres de femmes. La Revue littéraire, artistique et cap-corsaire (site personnel d’Angèle Paoli).
Pour découvrir d’autres artistes du livre, vous pouvez consulter l’Index des artistes du livre.