Fils cadet d’un secrétaire à l’intendance de Picardie et d’Artois, d'une famille récemment annoblie, il choisit le métier des armes et plus particulièrement l'artillerie. Il est admis en 1760 à l’École de la Fère, ancêtre de l’École Polytechnique.
Nommé sous-lieutenant en 1761, puis lieutenant en second en 1762, il demande à être affecté à la Brigade des colonies, en garnison à La Rochelle. Mais le Traité de Paris, signé en 1763, met fin à la guerre de Sept Ans et la puissance coloniale française. Au lieu de la gloire à laquelle il aspirait, Choderlos de Laclos connaît alors la vie de garnison en province : il est cantonné à Toul en 1763, à Strasbourg de 1765 à 1769, à Grenoble de 1769 à 1775, puis à Besançon de 1775 à 1776. Il n’est nommé capitaine qu’à l’ancienneté, en 1771, et sa vie ne connaît plus de véritable promotion jusqu’à la veille de la Révolution.
Il semble donc que ce soit pour échapper à l’ennui qu’il se met à écrire. Ses premières pièces en vers galants, sont publiées dans L’Almanach des Muses. Il écrit en 1777 un assez mauvais opéra-comique, Ernestine, qui n’est représenté qu’une seule fois devant la reine Marie-Antoinette, le 19 juillet. Cette même année, il reçoit pour mission l’ordre d’installer une nouvelle école d’artillerie à Valence. De retour à Besançon en 1778, il y est promu capitaine en second de sapeurs. Admirateur de Jean-Jacques Rousseau dont il considère le roman La Nouvelle Héloïse comme « le plus beau des ouvrages produits sous le titre de roman », il s’attèle alors à l’écriture des Liaisons dangereuses, tache pour laquelle il demande une permission de six mois, qu’il passe à Paris, en 1779, puis une nouvelle permission de la même durée, en 1781 : c’est lors de celle-ci qu’il achève l’ouvrage.
Il le confie à l’éditeur Durand neveu qui le publie en quatre volumes proposés à la vente le 23 mars 1782. Le succès est immédiat : la première édition comprend deux mille exemplaires qui sont épuisés en un mois. Pendant les deux années qui suivent, une dizaine de rééditions sont tirées et vendues.
Cependant, le livre est considéré comme une attaque contre l’aristocratie et jugé comme une faute par le commandement militaire. Envoyé en Bretagne, puis à La Rochelle pour participer à la construction du nouvel arsenal, Choderlos de Laclos y fait la connaissance de Marie-Soulange Duperré. Cette dernière devient son épouse et lui donne rapidement une première fille : cette union, la vie de famille, la routine, puis les événements de la Révolution, semble-t-il, mettent fin à sa brève carrière littéraire. Un traité inachevé, intitulé De l’éducation des femmes (1783), est la dernière œuvre de l’artilleur : une nouvelle fois, il y aborde la question de l’émancipation du sexe faible, thème qui était déjà présent dans son roman.
En 1788, Choderlos de Laclos quitte l’armée ; il entre ensuite au service du duc d’Orléans, dont il partage les idées sur l’évolution de la royauté. La Révolution qui éclate le voir agir dans l’intérêt de son maître : les 5 et 6 octobre 1789, il travaille aux journées versaillaises et rédige avec Brissot la pétition causant le massacre du Champ-de-Mars. Le 17 juillet 1791, il négocie le rachat des six cents piques du 14 juillet. Rallié à l’idée républicaine, il quitte le duc d’Orléans pour un poste de Commissaire au ministère de la Guerre, où il a en charge de réorganiser les troupes de la jeune République. Par ses activités, il participe alors à la victoire lors de la bataille de Valmy. Après la trahison de Dumouriez, Robespierre le fait emprisonner comme orléaniste, mais il est libéré lors de Thermidor. Il met alors au point, lors d’expériences balistiques, un « boulet creux » chargé de poudre (l’ancêtre de l’obus). En 1795, espérant être réintégré dans l’armée, il rédige un mémoire intitulé De la guerre et de la paix, qu’il adresse en vain au Comité de salut public. Il tente aussi d’entrer dans la diplomatie, et de fonder une banque, mais sans plus de succès. Finalement, il fait la connaissance du jeune général Bonaparte, le nouveau Premier Consul, qui est comme lui artilleur (il a fait école à Valence). Rallié aux idées bonapartistes, il est nommé général d’artillerie le 16 janvier 1800 et affecté à l’Armée du Rhin où il reçoit le baptême du feu à la bataille de Bilberach. Affecté à l’Armée d’Italie, il meurt le 5 septembre 1803 à Tarente, des suites d’une dysenterie. Il est enterré sur place.
Œuvres
- Ernestine (1777)
- Les Liaisons dangereuses (1782)
- De l’éducation des femmes (1783)
- Instructions aux assemblées de bailliage (1789)
- Journal des amis de la Constitution (1790-1791)
- De la guerre et de la paix (1795)