Les Tragiques est un poème en vers qui a été publié pour la première fois en 1615 sous le titre Les Tragiques, données au public par le larcin de Prométhée. Au Dézert, par L[e].B[ouc].D[u].D[ézert]. Cette œuvre anonyme est constituée de sept chants (Misères, Princes, Chambre dorée, Feux, Fers, Vengeances, Jugement), qui racontent d’un trait les Guerres de religion en France et qui s’attachent en particulier à peindre les trahisons et les persécutions dont les Protestants ont été victimes. On en doit le texte à Agrippa d’Aubigné, ancien compagnon d’Henri de Navarre qui s’éloigna de ce dernier par intransigeance : il fut soit le spectateur (dans son enfance), soit le participant aux événements dont il est question, ce qui rend son témoignage particulièrement intéressant. Longtemps mis à l’index en raison de son caractère politique incompatible avec l’Absolutisme et la Foi catholique unique de l’époque moderne, Les Tragiques ne fut redécouvert qu’au XIXe siècle.
Léon Zack, né Lev Vassilevich Zack en Russie, à Nizhny Novgorod (1892-1980), est un peintre qui a été naturalisé en 1938. Au départ figuratif, il se tourne vers l’abstraction, comme son contemporain Picasso : son illustration originale pour Les Tragiques témoigne par ses compositions de ce changement. Pendant les années 1950-1960, il dessine des verrières et des vitraux pour de nombreuses églises. Son œuvre a été le sujet d’une rétrospective au musée d’art moderne de Paris en 1977. Il meurt quelques années après à Vanves, dans les Hauts-de-Seine, où il est enterré. Pierre Emmanuel est aussi l’auteur, avec lui, de plusieurs volumes, dont Le Poëte fou (celui-ci est consacré à Friedrich Hölderlin), les Sonnets de Ronsard, ou encore Daphnis et Chloë, de Longus (qu’il avait déjà illustré dans le style figuratif pour La Grande collection Trianon, à Paris, au début des années 30).
Un volume au format grand in-quarto (255 x 320 mm), en feuilles sous couverture rempliée. 84 pages. Coiffes légèrement frottées, sinon bel exemplaire non coupé, remarquable par son illustration aux traits anguleux et par l'utilisation lapidaire du noir dans les compositions : un des 330 exemplaires du tirage unique, strictement limité et justifié, celui-ci sur le second papier qui est un épais vélin pur fil des papeteries Johannot d'Annonay (1/290). Rare et recherché.